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La mauvaise nouvelle est d’abord venue de Luc Rémont, au téléphone, lundi 16 septembre. Le PDG d’EDF l’a annoncée à un représentant du personnel. Puis l’entreprise l’a officialisée mardi 24 septembre, au lendemain d’un communiqué syndical : la direction « envisage d’arrêter le projet Ecocombust », censé convertir à la biomasse (déchets de bois) l’une des deux dernières centrales électriques du pays tournant encore au charbon, celle de Cordemais (Loire-Atlantique).
Le projet avait la particularité d’être porté par les salariés eux-mêmes, et coordonné par la CGT. « Quel affront, quel mépris, quelle injure qu’EDF fait à tout le territoire ligérien qui n’avait pas besoin de ça pour déjà être en grande difficulté sur l’emploi industriel », déclare le syndicat. Les deux unités de Cordemais réunissent 335 agents du groupe public.
L’entreprise dit avoir engagé des réflexions dès 2015 quant à l’avenir du site. « Après analyse, argumente-t-elle, les conditions technico-économiques pour réaliser ce projet n’étant pas réunies, EDF ne pourra pas substituer complètement le charbon par des pellets [granulés de bois]. »
Après avoir d’abord négocié avec la multinationale Suez, l’électricien avait entrepris des discussions avec la société de recyclage Paprec, pour que cette dernière lui fournisse des « blacks pellets », du bois de récupération.
La situation est difficile à admettre pour les salariés d’EDF, dont l’Etat est actionnaire unique. D’autant que le président de la République, Emmanuel Macron, avait formulé, en septembre 2023, la promesse de « complètement (…) convertir » à la biomasse les deux dernières centrales tournant au charbon (0,16 % de la production électrique nationale, l’année dernière). Après avoir différé de cinq ans l’objectif, le chef de l’Etat a fixé à 2027 la fin du recours à cette énergie fossile, la plus polluante qui soit.
Les maires socialistes de Nantes et de Saint-Nazaire, Johanna Rolland et David Samzun, reprochent à la direction d’EDF d’agir « en dehors de toute logique territoriale et en rupture avec des engagements clairs (…) énoncés par le président de la République lui-même ». C’est aussi le signe d’« une absence de stratégie de l’Etat aux conséquences sociales, économiques et environnementales », selon deux représentants de la Loire-Atlantique au Sénat, la socialiste Karine Daniel et l’écologiste Ronan Dantec.
« L’Etat (…) va-t-il laisser mourir un projet d’avenir et de transition écologique inventé par les salariés ? », s’interroge un autre sénateur, le communiste Fabien Gay, sachant qu’Agnès Pannier-Runacher, redevenue ministre de l’énergie, samedi 21 septembre, s’était auparavant déclarée favorable à Ecocombust.
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